Ne gaspillons pas nos chances

Quand la chance se présente, comme un train qui passe, saisissons-là. Dans un monde qui court dans tous les sens, dans quelle direction aller?
En premier lieu, il convient de savoir qui on est, quels sont nos moyens, sur qui ou sur quoi on peut s'appuyer, quels sont nos objectifs?
Plans sur la comète et châteaux de cartes en Espagne, le rêve ne croise pas toujours la réalité, la galère arrive plus vite que la fortune. Les petits ruisseaux font les grandes rivières, certes, mais il y a pas mal de barrages et d'écluses à franchir avant de trouver le confort. Et ceux qui ont la recette, la gardent bien précieusement.

Le Pain Quotidien

Le pain sec ne se jette pas dans une poubelle, pas même une poubelle à compost.
Celui ou celle qui a la chance de pouvoir se déplacer dispose de pléthore de sujets d'observation aux cours de ses voyages petits ou grands.
Dans les stations-services d'autoroute tout est plus cher, pas besoin de sortir de St Cyr pour le constater. A commencer par le carburant. La qualité des produits alimentaires est indiscutable, les lieux sont propres et bien tenus, à voir les affichettes dans les sanitaires, on ne rigole pas avec l'hygiène. TOTAL distribue une Eau de Cologne ou de toilette sacrément bonne, parfumée et aseptisante, qui fait qu'effectivement on ne vient pas par hasard.
Une employée fait son train train quotidien, nettoyage, recharge des distributeurs, bref des choses que les clients ne remarquent même pas, tellement c'est un dû de trouver tout ce qu'il faut dans cette petite ville qu'est une station d'autoroute en rase campagne.
La logistique coûte cher. On peut atteindre le lieu soit par un portail à proximité, une sorte d'entrée des artistes ou passer par la voie royale du péage dans le même sens placée en amont.
Et vlan, le couvercle du conteneur se referme. La demoiselle mange à sa faim et a les moyens, elle fume. Il faut quand même dire que pour le prix d'un paquet de cigarettes, on peut se faire un repas.
De toute façon, elle n'a pas le droit de récupérer le gros pain tranché qu'elle vient de jeter. Il est moisi par-ci par là.
La moisissure de ce pain complet est la même que celle du fromage bleu. Attention, ceci n'est pas une règle, à moins d'être spécialiste, cela ne se reconnaît pas à l’œil nu, donc dans le doute, c'est direction poubelle. Le pain en question ne pèse pas moins de 2 kilos.
Parasité à 30%, ce pain a fait le bonheur de deux chats qui auraient mangé en lieu et place leurs bonnes boites habituelles pour chien au bœuf, ou au poisson. Agrémenté de purée, de jus de cuisson de viande et d'un brin de lait, ce pain trié n'a pas laissé de restes.
Les seuls restes du tri ont nourri pour plusieurs jours palombes, merles, moineaux, rouge-gorges et autres passereaux qui ont faim l'hiver.
Chaque jour notre monde jette du pain, du bon pain et pas que du pain.

Peut-on vivre à 300km/h?... A 850km/h?

A quelle vitesse se déplacera-t-on en 2050?
Le personnel navigant des TGV et des avions de ligne vit à des vitesses qui n'ont rien à voir avec la quiétude d'une paisible retraite au Croisic. Ils se croisent tous les jours à des vitesses doubles et ne se connaissent même pas, bien que membres de la même société.
Où vont-ils?
Un missionnaire français évangélisait au Brésil dans les quartiers défavorisés, le Père LEGROS, et il revenait en terre natale tous les 5 ans pour revoir sa famille et ses amis. Au moment de la construction des premières voies express et autoroutes en France, il avait été choqué par la vitesse des voitures. Sa réflexion avait été de dire, mais où vont-ils? Y a-t-il une urgence chez eux, un malade, un accouchement, ils sont fous, quel monde!
Nous n'en faisons même plus de cas, le matin on est à Marseille et le soir on dort à Lille. On va à New York dans le même temps que celui d'une balade de quelques kilomètres à pied.
Une fois de temps en temps, le TGV est prisé et agréable pour le voyageur. Il l'est moins pour le personnel naviguant. la station debout est difficile en raison du roulis permanent. Plus discret, la tension de la ligne serait nocive. La voiture fait peut-être cage de Faraday, mais le personnel est sensible à la haute tension et en souffre. sur un trajet qui dure 14 heures au bas mot, on peut le comprendre.
Et en avion? Une hôtesse de l'air devenue hôtesse du rail, préfèrera l'avion.
Avez-vous peur en avion?
"Je n'y pense même pas un instant, j'ai confiance dans la maintenance et j'aime voler".
L'avion emballe plus que le train. Un bon poste pour voyager en train, c'est d'être invité par le mécano dans la cabine de la motrice. C'est tout simplement un privilège.
Revenons à la vie dans le train. Autre sujet qu fâche, la clientèle est parfois imbuvable, surtout le matin. Le client est désagréable et tout lui est dû.
Finalement, la vie en train n'est pas si rose que cela. Le TGV est pourtant est engin de prestige, le fleuron français du rail.
En fait, notre fameux train est loin de la perfection et cela peut faire dire que nous n'en sommes qu'au début. Il est bruyant. Pourtant on ne l'entend pas arriver. Placez-vous à un passage à niveau et vous verrez, le vacarme quand le train passe. un train d'enfer. Le TGV est un engin à suicide redoutable et la SNCF n'y peut rien. Seul un système d'airbag externe pourrait éloigner en douceur, entre guillemets, les victimes en évitant qu'elles se jettent sous le train. ces accidents bloquent les trains pendant deux heures.
Les gares, même celles du futur ne prévoient pas de vie 24H sur 24 dans la gare.
Une gare n'est pas un lieu de vie permanent. Alors que...
Combien de passagers sont pris par des défauts de correspondance? Il n'est pas rare de se retrouver à quai pour différentes raisons. La gare ferme ses portes, tout le monde dehors. Celui ou celle qui n'a pas prévu, qui a peu d'argent, se retrouve parfois à la rue. Le monde est rude et sans pitié pour les pauvres, les démunis, les fragiles.
Même le personnel de la SNCF se fait prendre. Je dis parfois qu'un bon wagon aménagé au fond de la gare de triage serait un réconfort pour ses sans abri d'un jour. L'idée n’enlèverait rien au charme du voyage, au contraire. Tout cela manque de romantisme et sent trop le business pour le business. L'homme n'est rien sans argent. Les femmes qui restent en carafe entre deux trains sont angoissées et j'en suis témoin, le 115 ne les prend même pas en charge. La situation n'est guère plus brillante pour les hommes. Deux garçons fatigués se sont reposés sur un banc. Ils ôtent leur chaussures et posent leurs effets près d'eux.
Ils ont été détroussés par une bande de loubards qui leur ont subtilisé portables et chaussures...

Dans une même Société pourtant
On ne se connaît pas

Deux TGV se croisent à pas moins de 6OO km/h. La Société qui exploite les rames de restauration compte bien 2000 agents qui sont des gens passionnants. En effet, pour plaire à la clientèle la plus cosmopolite, celle des voyageurs à grande vitesse, il faut un personnel capable de produire le service exigé. Accueil, sourire, élocution, rapidité, stress, présentation, hygiène et du sérieux, autant de conditions à maîtriser, sans parler de se réveiller le matin, car le TGV n'attend pas.
Un client a malmené un chef de quai qui ferme les portes avant départ, alors qu'il voulait accéder au train. Peine perdue, le chef a eu raison, le train n'est pas un bus.
Beaucoup croient que les agents de la cellule restauration du TGV sont des personnels SNCF. Laurent RUQUiER, dans une de ses fameuses émissions a fait faire une mise en scène remarquable d'humour et de pertinence sur le métier. Les comédiens portaient le badge SNCF, c'est inexact. Le contrat d'exploitation est revu et corrigé régulièrement et se surveille comme le lait sur le feu.

A suivre...